Certains conducteurs ont de mauvaises habitudes de conduite, abordant avec une vitesse trop importante les passages piétons, parfois même aux alentours d’établissements scolaires. Cela pose un vrai problème de sécurité routière, un tiers des piétons tués sur la route se trouvait sur un passage piéton. Cette mauvaise manie pouvant être considérée comme une conduite sportive a pour effet d’accroître le sentiment d’insécurité des piétons. Dans une tentative de changer ces habitudes, certaines villes mettent en place un nouveau type de signalisation : des passages piétons 3D. Mais qu’est-ce que c’est ? Explications.

Un passage piéton 3D, c'est quoi ?

Les passages piétons classiques ont pour but de permettre aux piétons de circuler en toute sécurité sur la chaussée, notamment afin de traverser une route.

Un passage piéton 3D est tout simplement un marquage au sol peint en trompe-l’œil de façon à ce que les automobilistes, motards et cyclistes aient l’impression qu’il soit en 3 dimensions, à la manière des ralentisseurs. Cet effet d’optique, qui donne aux bandes blanches l’air de pavés, fonctionne généralement 10 mètres avant le passage piéton, incitant le conducteur à ralentir.

L’effet de relief est obtenu grâce au traçage de différentes lignes d’effet dans divers tons de gris, mais aussi d’une fausse ombre noire déportée, accentuant l’impression de 3D. Ces passages piétons, également visibles de nuit, sont donc un peu plus larges que des passages piétons classiques.

La mise en place de ces nouveaux passages piétons permettrait donc de faire ralentir les usagers de la route, et ainsi d’éviter certains accidents ou refus de priorité aux piétons.

Où trouver un passage piéton 3D ?

Il est conseillé d’installer ce type de dispositif dans des zones limitées à 30 km/h, afin que l’automobiliste ait le temps de voir le passage en 3D et de ralentir. Dans des zones où la limitation de vitesse est plus élevée et la circulation plus dense, ces passages piétons 3D peuvent au contraire augmenter les risques d’accidents.

Si ce type de passage piéton existe depuis déjà plusieurs années dans des pays comme l’Inde ou l’Islande, le tout premier de France a été peint fin 2017 à Cysoing, dans le Nord. Depuis, d’autres villes se sont essayées à l’exercice, comme Locminé dans le Morbihan, Paris, Sautron, Nantes, Maisdon-sur-Sèvre et Rezé en Loire-Atlantique, ou encore Toulouse.

Quel avenir pour le passage piéton 3D ?

Jusqu’ici les résultats dans les villes qui ont tenté l’expérience sont mitigés. Il semblerait que les usagers de la route ralentissent les premiers temps, puis s’y habituent et recommencent à rouler vite au niveau des passages piétons. Ce sont davantage les conducteurs qui ne les connaissent pas qui freinent au niveau de ces passages en 3D.

Pour certains automobilistes et piétons, l’effet n’est pas assez saisissant, pour d’autres il est réussi. Il est toutefois prévu pour ces villes d’évaluer concrètement l’effet réel de ces passages piétons. Si le test est concluant, ces passages pourraient être déployés plus largement.

Ce dispositif a toutefois l’avantage d’être peu coûteux, environ un millier d’euros par passage piéton, soit moins qu’un ralentisseur, et d’être facile à retirer puisqu’il est soit peint, soit créé en résine thermocollée. Pourra-t-il à terme remplacer les ralentisseurs ?

La loi pour un passage piéton 3D reste la même

Rappelons qu’en présence d’un passage clouté, qu’il soit en 3D ou non, les automobilistes doivent s’arrêter si un piéton donne l’impression de vouloir s’engager, et ce pour la sécurité des piétons. En effet, le piéton est toujours prioritaire aux abords des passages piétons, selon l'article R415-11 du Code de la route : « Tout conducteur est tenu de céder le passage, au besoin en s'arrêtant, au piéton s'engageant régulièrement dans la traversée d'une chaussée ou manifestant clairement l'intention de le faire ou circulant dans une aire piétonne ou une zone de rencontre. »

Le non-respect de cette règle constitue un refus de priorité et est passible d’une contravention de quatrième classe : une amende forfaitaire de 135 euros, minorée de 90 euros et majorée de 375 euros, et d’une perte de 6 points sur le permis de conduire (avant 2018 et l’application du décret n° 2018-975, le retrait n’était que de 4 points).

Si vous êtes verbalisé pour non-respect du cédez-le-passage à un piéton sur un passage clouté, vous pouvez faire appel à un avocat spécialiste en droit routier afin de contester cette contravention.